ST-MARTIN DE CORCONAC • L’ÉGLISE
Une architecture et une histoire originales
L’église Saint-Martin de Corconac peut apparaître comme un édifice médiéval bien modeste par rapport à quelques exemples bien connus dispersés dans les vallées cévenoles. Formée de deux nefs et d’un chœur à cinq pans, elle a perdu sa toiture historique et une partie de ses élévations romanes.
Pourtant, elle a été considérée comme digne d’être inscrite au titre des monuments historiques (2012), compte tenu du caractère original de son architecture et de son histoire mouvementée. Elle fut le théâtre d’un événement de renoncement à la violence au beau milieu de la guerre des Camisards. Au début de la révolte, les insurgés huguenots avaient passé par les armes de nombreux curés de la région, et incendié les églises. Or à St-Martin, le curé Vedel, lui, fut épargné par Abraham Mazel, et intervint quelques années plus tard pour éviter à ce dernier la peine de mort.
L’église se distingue clairement lorsque que l’on remonte la vallée Borgne, à l’endroit où celle-ci se resserre avant d’atteindre le village de l’Estréchure.
Sa présence signale et renforce le caractère et l’intérêt de ce site escarpé.
DESCRIPTIF
La construction actuelle fait apparaître deux phases très distinctes : une première construction romane ou pré-romane dont il reste la façade, la porte d’entrée (bouchée), le mur nord et la lère travée voûtée en berceau et supportant un clocher carré. On manque d’information sur cette première nef dont le chœur a totalement disparu dans la reprise du XIVe.
En effet, vers le XIVe siècle, l’édifice est agrandi avec la construction d’une nef parallèle à la 1ère, comprenant un nouveau portail, un grand chœur et deux chapelles formant transept. Le 1er bâtiment est construit sur le rocher, alors que l’agrandissement se fait sur du remblai. Vu de l’extérieur, la dénivellation importante fait paraître le chœur très élevé. Cette reconstruction (à partir d’un bâtiment existant) est de grande ampleur et paraît homogène, mais aucun document d’archive ne permet de la dater précisément.
Lors de cette construction, le mur Est de l’ancien bâtiment fut entièrement détruit, ne laissant qu’une grande arcade reposant sur un fort pilier, reste du mur d’origine. La construction est en schiste mais le portail et les encadrements des fenêtres sont en pierre taillée de grès clair, ce qui permet une polychromie, comme à St-Marcel où les encadrements sont en pierre dure foncée.
Les fenêtres (2 dans le chœur, une dans chaque chapelle, et une dans la nef) présentent des remplages trilobés assez bien conservés, à l’exception de la fenêtre de la nef qui a été occultée par la construction (ou la surélévation) du prieuré voisin, mais qui est visible depuis l’intérieur du prieuré. Les autres fenêtres ont conservé la plupart des pierres de taille de l’encadrement. De plus, un petit oculus quadrilobé éclaire la chapelle Nord coté est. Un autre surmonte le portail sur la façade, mais est en partie occulté par la voûte d’arête, et son encadrement semble avoir été repris.
Le portail en plein cintre est aussi en grès clair, il présente une simple moulure reposant sur un cavet. Au-dessus de la voûte cintrée, se trouvent quelques assises (romanes) de ce qui devait être un clocher et qui a conservé une toiture autonome. L’escalier d’accès à cette pièce est tardif et le clocher en arceau, signalé en 1723, a disparu.
L’intérieur de l’église est entièrement voûté d’arêtes (sauf la 1e travée romane, qui est en plein cintre) et le chœur à pans coupés présente une voûte à 5 pans. C’est un exemple assez rare dans la région, où domine l’abside semi-circulaire voûtée en cul de four, comme à St-Marcel de Fontfouillouse. La niche liturgique visible dans le chœur présente un bel arc en accolade. Le mur roman sud a été entièrement évidé par une grande arcade pour communiquer avec la nouvelle construction, mais la chronologie s’explique mal (avant ou après la construction de la voûte) car il est anormal que la voûte retombe au centre de l’arcade.
Les murs sont entièrement décroûtés (alors qu’en 1810, l’église est blanchie), mais dans l’angle nord-ouest, une partie de l’enduit est encore en place et on peut y voir les restes d’un décor de draperie tendue entre des piliers et formant des plis. Ce sont des restes de peinture murale de l’époque romane. Ces peintures sont un précieux témoignage pour documenter le décor intérieur des édifices romans du Gard, où elles ont souvent disparu.
Source : Josette CLIER – Conservation Régionale des Monuments Historiques, Montpellier, 2012
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